Saint Antoine
(251- 356)
Antoine, entrant dans l’église un dimanche, entendit chanter l’évangile :
« Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis, viens et suis-moi. » (Mt 19,21)
Sous la direction d’ascètes qui l’avaient précédé dans cette voie, il vendit tous ses biens et se retira en solitaire dans un sépulcre désaffecté, non loin du village, puis au désert, dans la montagne. Là, de nombreux disciples vinrent à lui, dont il devint le Père spirituel.
Souhaitant se soustraire à la foule des fidèles qui, toujours davantage, accouraient à lui, il se retira dans le désert intérieur de la haute Thébaïde, tout en continuant à visiter, à intervalles réguliers, les ermitages et monastères de ses fils spirituels, et à recevoir des gens de toute condition venus quémander de la lumière et de la force spirituelles auprès de lui. Son biographe nous le décrit parfaitement détaché de tout ce qui le concernait personnellement, parce que profondément attaché à Dieu :
« Spirituellement pur, il n’était ni resserré par le chagrin, ni dilaté par le plaisir ; en lui, ni rire, ni tristesse, la multitude ne le troublait pas, tant de gens qui le saluaient ne lui causaient aucune joie excessive : toujours égal à lui-même, gouverné par la raison, naturel. »
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Saint Antoine n'est pas le premier moine. Il est cependant à l’origine du mouvement monastique qui, par ses disciples, se propagea de façon spectaculaire autour de sa figure paternelle, en Égypte d'abord, puis dans tout le proche Orient. Le récit de sa vie, écrite par le Patriarche d’Alexandrie saint Athanase à la demande de moines latins, ainsi que la venue en Occident de nombreux ermites et cénobites issus des monastères égyptiens, palestiniens et syriens, contribuèrent à l’expansion rapide de l’idéal monastique à travers le monde latin. Saint Augustin y fait allusion dans des Confessions (VIII, 14-15).
La doctrine de saint Antoine est contenue dans sa Vie et dans ses Lettres. La retraite au désert transfigure le chrétien et rénove en lui la grâce du baptême. Pour aimer Dieu de tout son cœur le moine renonce à tout pour suivre le Christ au désert, séparé du commerce avec le monde, il peut affronter directement les tentations des démons, et obtenir pour toute l’Église les grâces et bénédictions du ciel.